Il me faudrait un container pour rentrer. Pour ramener tout ce que j’aurais déniché chez les antiquaires. Non pas l’apollon grec, mais des lustres, de la vaisselle, des bijoux anciens (bon, pour ça il faudrait que je sois vraiment riche).
Je pourrais m’acheter un livre par semaine. Un livre d’art ou de voyage chez Ateneo Grand Splendid, un livre en anglais chez Walrus Books… À voir le libraire lire son livre dans le fond de sa boutique pendant que je jette un œil à sa collection, ça me donne envie d’y revenir, lui il aime vraiment les livres.
Il ne faudrait pas que je sois devenue végétarienne ni allergique au vin.
Je deviendrais obèse à cause du pain de la petite boulangerie française du marché de San Telmo.
Je deviendrais une pro de l’asado.
Je pourrais enfin m’acheter un pot à mate, et je me baladerais comme tous les Argentins avec mon thermos et mon sachet d’herbes.
Je deviendrais bilingue espagnol.
Je pourrais visiter tout ce qui me plaît en payant le prix argentin.
Je n’apprendrais pas le tango, ce serait un fiasco.
Je pourrais devenir promeneuse de chiens, ou ouvrir ma librairie.
Je saurais peut-être ce qu’il faut répondre au « holà, que tal? ».
J’irais faire les boutiques à la Recoleta ou mieux à Palermo.
Je porterais des chaussures à semelles compensées.
Mais pour être vraiment heureuse, il faudrait que j’emmène avec moi quelques copains…